Elmer est apparu sur l’estrade et se prépare à entamer son discours. Le silence se fait. L’instant est solennel.
– Signaises, Signais… Commence le maire Elmer.
– Si niais ? Il se moque d’eux ?
– Non, Sébestan, les Signais sont les habitants de Port-aux-Signes, précise Guilhord. Attends la suite, tu vas voir, ou plus exactement entendre…
– Le particularisme dû à notre histoire unique ainsi que la mutualisation généralisée des synergies nous permettent d’amalgamer nos compétences dans ce nouveau pôle d’excellence dont nous tirons une immense satisfaction, tant locale que galactique, et réciproquement, poursuit le bonhomme.
– Que dit-il ?
– Rien de spécial, il soliloque…
– Soli quoi ?
– Il tient un discours comme pour lui-même ; il parle tout seul, si tu préfères. Personne ne l’écoute jamais. Les gens ont l’habitude : ils viennent, ne cherchent
pas à comprendre et attendent qu’il ait terminé pour pouvoir boire et manger.
– Il ne s’en aperçoit pas ?
– Jamais. Il pense que ce type de langage est lié à sa fonction et qu’il est normal de le pratiquer. C’est d’ailleurs un xylolinguiste éminent.
– J’aime bien ce mot ! Papa dit souvent que le rabot est le seul correcteur grammatical qui convient à la langue de bois.

Extrait des aventures de Sébestan.
Copyright 2012 – Christian Leroy

le maire de port-aux-signes